
Objectif
Démontrer l’apport de la tomodensitométrie dans le diagnostic d’une thrombose veineuse surrénalienne chez la femme enceinte.
Prendre en charge les douleurs abdominales aiguës chez la femme enceinte.
Patients et Méthodes
Nous rapportons les cas de deux patientes enceintes présentant des douleurs abdominales aiguës atypiques. La première âgée de 24 ans à 29 semaines et 3 jours d’aménorrhée, multipare, antécédent de fausse couche tardive hémorragique à 4 mois sur grossesse gémellaire. Pas d’antécédent de maladie thromboembolique connue. Elle consulte aux urgences pour des douleurs abdominales atypiques en regard du flanc droit, pas de fièvre, pas de point d’appel obstétrical. Sa tension artérielle est de 140/70 mmHg. Le versant fœtal est normal. Un antalgique de palier I est administré. Malgré les antalgiques la douleur persiste, une échographie réalisée aux urgences est non contributive. L’échographie (marque PHILIPS, modèle EPIQ 7G) réalisée en radiologie ne décèle pas d’anomalie, une vésicule alithiasique, pas de calcul urinaire, un appendice non inflammatoire. La patiente reçoit une titration morphinique devant la persistance de la douleur. Une énième échographie ne met rien en évidence. On réalise un scanner avec injection de produit de contraste (marque GE, modèle Optima CT 660), elle reçoit 90cc Ultravist 370, DLP totale : 943 mGy.cm.
La deuxième âgée de 37 ans enceinte de 29 semaines et 6 jours, primigeste, sans antécédent particulier, admise au service de grossesse haut risque pour suspicion de pré éclampsie sévère. Elle a un diabète gestationnel équilibré sous régime. Sa tension artérielle est à 170/100 mmHg avec une protéinurie positive sans dyspnée ni d’œdème des membres inférieurs. L’examen obstétrical est normal. Elle a une anémie à 7 g/dl. L’hypertension est contrôlée sous Trandate et l’anémie sous fer per os. Durant l’hospitalisation, la patiente décrit l’apparition soudaine et progressive d’une douleur de l’hypochondre droit associée à des épisodes de vomissement, EVA 10/10. Pas de céphalées, pas de phosphènes, pas de plaintes obstétricales. Le versant fœtal ne présente pas d’anomalie. Elle a un abdomen souple mais douloureux à la palpation de l’hypochondre droit sans signe de Mac Burney ni de Giordano. L’échographie abdominale n’est pas contributive, pas de lithiase vésiculaire ni des voies urinaires, l’appendice est non visualisé. Sur suggestion du radiologue, un scanner abdomino-pelvien est réalisé (Marque PHILIPS, modèle Philips IQON), elle reçoit 90 cc Xénétix 350, DLP totale : 706 mGy.cm.
Résultats
Le scanner injecté low dose a mis en évidence chez chacune des patientes un aspect hypertrophique et un non rehaussement de la surrénale droite sur occlusion de la veine surrénalienne.Les patientes bénéficient d’une anticoagulation de la famille des héparines de bas point moléculaire à dose curative. L’évolution clinique est très vite favorable. Les bilans demandés tels que le SAPL, recherche ACL, bilan de thrombophilie est négatif mais elles seront toutefois mises sous anticoagulation à dose préventive lors de leurs prochaines grossesses.
Conclusion
Les douleurs abdominales constituent la plainte la plus fréquente au cours de la grossesse et les étiologies sont multiples. Devant toute douleur abdominale aiguë chez la femme enceinte parfois latéralisée au niveau du flanc de façon unilatérale ou bilatérale, rebelles aux antalgiques puissants tels que les morphiniques , et dont l’échographie n’est pas contributive, il est fortement conseillé après concertation pluridisciplinaire (radiologue et gynécologue) de réaliser un scanner injecté ou une IRM injectée dans les délais les plus courts car il peut s’agir d’une thrombose veineuse de la glande surrénalienne qui passe très souvent inaperçue. Aussi le bilan de thrombophilie devrait être demandé devant tout accident thrombotique pendant une grossesse en particulier chez une patiente sans antécédent majeur pour une meilleure prise en charge.