Évaluer la justification des demandes d'examens scanographiques et établir le profil des examens non justifiés ainsi que des demandeurs de ces examens

Il s’agit d’une étude transversale descriptive réalisée de mars à août 2023 (6 mois), dans quatre services d’imagerie diagnostique à Yaoundé (Cameroun) : Hôpital Central (HCY), Hôpital Général (HGY), Centre Hospitalier Universitaire de Yaoundé (CHUY) et Centre Médical la Cathédrale (CMC). Les principales variables étudiées concernaient les caractéristiques démographiques des patients (âge et sexe), profil général des examens demandés et des demandeurs, la justification des demandes à l’aide du Guide du Bon Usage des examens d’imagerie médicale (GBU), enfin le profil des demandes non justifiées ainsi que celui des demandeurs. Les données ont été colligées et analysées à l’aide du logiciel SPSS version 26.0. La comparaison entre les variables s’est faite à l’aide du test de Chi-carré ou du test exact de Fisher. Les données ont été considérées comme statistiquement significatives pour une valeur de p<0,05.

Sur un effectif total de 292 demandes, il y avait 155 hommes soit un sex-ratio de 1,13 La moyenne d’âge était de 46 ans (extrêmes : 1 à 91 ans) avec une médiane de 50 ans. La tranche d’âge la plus représentée était celle de 60-70 ans (18,5%). Le scanner cranio-encéphalique était le type d’examen le plus demandé avec 153 (52,1%) demandes, suivi du scanner du rachis 44 (15,1%). Les demandeurs étaient majoritairement des médecins spécialistes 145 (49,7%), suivis des médecins généralistes 94 (32,2%) et des résidents/internes 53(18,2%). Le type de renseignement clinique le plus retrouvé était le diagnostic clinique sur 148 (50,7%) demandes, et 76% des demandes étaient à priori non conformes du fait de l’absence de finalité de l’examen dans la demande. L’interprétation des examens retrouvait 163 résultats (56%) pathologiques et en rapport avec l’indication de l’examen, et 73 résultats normaux (25%). Les médecins spécialistes renseignaient mieux leurs demandes d’examens en précisant la finalité de l’examen (p=0,007), et avaient le plus de résultats pathologiques en rapport avec l’indication.  (p=0,049).  Les demandes étaient non justifiées dans 57 cas (19,5%) soit environ 1 examen sur 5. Il s’agissait majoritairement et significativement (p<0,001) des scanners cranio-encéphaliques dans 47  cas (78,9%) suivi de scanners du rachis (12,3%) comparativement aux examens justifiés où les scanners cranio-encéphaliques représentaient 45,5% des cas, suivis des scanners du rachis 15,7% des cas. Il n’y avait pas de différence significative entre les types de renseignements cliniques fournis entre les demandes non justifiées et celles justifiées. Le profil des demandeurs d’examens était similaire pour les examens non justifiés et ceux justifiés avec les médecins spécialistes représentant 49,1% (versus 49,8%) ; les médecins généralistes 33,3% (versus 31,9%) et les résidents/internes 17,5% (versus 18,3%), sans association significative. Les examens non justifiés retrouvaient significativement  un examen normal dans 47,5% des cas (p<0,001%) et une lésion en rapport avec l’indication dans 33,3% des cas ; comparativement aux examens justifiés qui retrouvaient un examen normal dans 19,6% des cas et une lésion en rapport avec l’indication dans 61,3% des cas.   

Les demandes concernent autant les hommes que les femmes et équitablement les sujets de moins de 50 ans que ceux de plus de 50 ans.  Le scanner cranio-encéphalique représente un peu plus de la moitié des demandes d’examens scanographiques. La moitié de ces demandes est assurée par les médecins spécialistes qui renseignent le plus sur la finalité de l’examen et ont le plus de résultats d’examens positifs en rapport avec l’indication. Près d’une demande sur cinq est jugé non justifiée alors que trois demandes sur quatre ne mentionnent pas la finalité de l’examen. Il n’y a pas d’association significative entre la qualité du demandeur d’examen et les examens non justifiés.  Les examens non justifiés ont significativement plus retrouvés des résultats normaux.