Objectif
L’objectif de notre étude était d’évaluer la variabilité des UH surrénaliens en regard de la valeur seuil de 10 UH.
Résultats
Les résultats préliminaires montrent des valeurs UH significativement différentes inter-scanners y compris entre les deux scanners de même modèle pour l’ensemble des inserts. La variabilité des valeurs des UH des surrénales impose une vigilance lors de l’utilisation du seuil de 10 UH qui influe sur la poursuite de la prise en charge d’un patient.
Conclusion
Les nombres de Hounsfield (UH) constituent la matrice image de scanographie. Ils sont calculés à partir des coefficients d’atténuations linéiques tissulaires d’un faisceau de photons X rapportés à celui de l’eau. Ces coefficients sont des paramètres physiques qui dépendent principalement de la qualité du faisceau. Une échelle de Hounsfield est déterminée telle que les valeurs de Hounsfield de l’eau et de l’air soient fixées et égales à 0 UH et -1000 UH respectivement ; les UH tissulaires ne sont que des estimations. Plusieurs études ont mis en évidence la variabilité des UH tissulaires entre constructeurs, entre générations de scanners et également en fonction de la corpulence et du positionnement des patients [1,2,3].
Dans le cas du diagnostic des lésions surrénaliennes, les radiologues utilisent les valeurs moyennes des UH d’une région d’intérêt (ROI) positionnée sur les surrénales. Une valeur de 10 UH est indiquée dans les recommandations américaines comme seuil pour la suite de la prise en charge du patient [4].
L’objectif de notre étude était d’évaluer la variabilité des UH surrénaliens en regard de la valeur seuil de 10 UH. L’étude a été réalisée à l’aide d’inserts constitués de matériaux équivalent tissus simulant les surrénales, le foie, la graisse (base fantôme CIRS 062 M, inserts CIRS et QRM), ainsi qu’une seringue remplie d’eau. Cette étude était multicentrique. Elle a inclus 3 scanners (C1, C2 et F) dont 2 étant le modèle C. Un protocole identique d’acquisition et de reconstruction des images utilisé pour le diagnostic des surrénales a été utilisé : 120 kV, CTDIvol ≈ 11 mGy, pitch = 0,8, épaisseur de coupe/incrément = 1,5/1,5, Kernel = Br36 et ADMIRE 3. Les acquisitions ont été répétées 5 fois consécutivement. La détermination des valeurs des UH de chaque insert et de l’eau a été réalisée automatiquement à l’aide du logiciel ImageJ selon 2 tailles de ROI différentes, pour 5 coupes sur chaque acquisition. Des tests statistiques de Friedman et Wilcoxon ont été réalisés pour comparer les groupes.
Les résultats préliminaires montrent des valeurs UH significativement différentes inter-scanners y compris entre les deux scanners de même modèle pour l’ensemble des inserts. Les valeurs médianes des UH de l’insert surrénalien sont 12,8 pour C1, 16,3 pour C2 et 14,8 pour F. Pour l’insert eau, l’ensemble des valeurs UH sont comprises dans les tolérances réglementaires (0 ± 4 UH).
A notre connaissance, cette comparaison inter-scanners de modèles différents sur un insert de matériau proche d’une glande surrénale sont les premiers. La variabilité des valeurs des UH des surrénales impose une vigilance lors de l’utilisation du seuil de 10 UH qui influe sur la poursuite de la prise en charge d’un patient. En perspective proche, notre étude sera étendue à d’autres scanners.
[1] DenOtter TD, Schubert J. Hounsfield Unit. 2023
[2]Sande et al. Interphantom and interscanner variations for Hounsfield units—establishment of reference values for HU in a commercial QA phantom. 2010
[3] Birnbaum et al. Multi–Detector Row CT Attenuation Measurements: Assessment of Intra- and Interscanner Variability with an Anthropomorphic Body CT Phantom. 2007
[4] American College of Radiology ACR Appropriateness Criteria® Adrenal Mass Evaluation. 2021