Objectif
La polyarthrite rhumatoïde (PR) représente la forme la plus courante des rhumatismes inflammatoires chroniques. L'introduction de la tomodensitométrie thoracique a révolutionné l'approche des affections pulmonaires associées à la PR, permettant ainsi une caractérisation plus précise des différentes lésions souvent interconnectées. L'objectif de cette étude était d'établir des liens entre les données issues de la tomodensitométrie thoracique et celles du lavage bronchiolo-alvéolaire (LBA) ainsi que de la spirométrie dans le contexte de la PR.
Patients et Méthodes
Il s'agit d'une étude rétrospective portant sur les dossiers de patients suivis simultanément dans les services de rhumatologie et de pneumologie du CHU Mongi Slim La Marsa, pour une PR avec atteinte pleuro-pulmonaire. Tous les patients ont eu une tomodensitométrie thoracique haute résolution avec des coupes fines ainsi que des évaluations fonctionnelles respiratoires. Un LBA a été réalisé en fonction de la présentation radio-clinique. Les analyses statistiques ont été réalisées à l'aide du logiciel SPSS 25.0.
Résultats
Trente-six dossiers ont été inclus (âge moyen = 58 ± 10 ans ; ratio femme/homme = 2,27), parmi lesquels 14 patients étaient fumeurs. La durée moyenne d'évolution de la PR était de 8 ± 6 ans. La tomodensitométrie thoracique a révélé la présence de nodules parenchymateux isolés dans 33% des cas, des opacités en verre dépoli dans 33%, une pneumopathie interstitielle non spécifique (PINS) dans 5%, des nodules pulmonaires isolés dans 29% et de l'emphysème dans 19% des cas. Les valeurs moyennes des épreuves fonctionnelles respiratoires étaient les suivantes : capacité vitale forcée (CVF) = 2,6 l/mn (77%), volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) = 2,02 l/mn (76%) et capacité pulmonaire totale (CPT) = 3,97 (80%). Quatorze patients ont subi un LBA, dont douze présentaient une hypercellularité (3 à prédominance lymphocytaire, 4 à formule panachée et 7 normaux). La présence d'opacités en verre dépoli à la tomodensitométrie était significativement corrélée au taux de polynucléaires éosinophiles au LBA (p = 0,038), les opacités en verre dépoli étaient associées à une hyper-réactivité bronchique avec amélioration du VEMS après bronchodilatation (p = 0,05), l'emphysème était associé à une hyperinflation selon la CPT (p = 0,021), la PINS entraînait une altération des performances respiratoires en termes de CVF et de VEMS (p = 0,047 ; p = 0,049), les micronodules étaient associés à une augmentation des polynucléaires neutrophiles au LBA (p < 0,01) et l'épaississement des septa était associé à une diminution de la CPT (p = 0,041).
Conclusion
La PR se manifeste par une gamme variée de manifestations thoraciques, allant des simples nodules rhumatoïdes aux lésions complexes. Ces manifestations peuvent prédire des anomalies fonctionnelles respiratoires et du LBA, ce qui peut être utile dans la prise en charge thérapeutique.